Visite sous haute sécurité d'Emmanuel Macron en Suisse

19-05-24 08:55:38
Visite sous haute sécurité d'Emmanuel Macron en Suisse

L’avion présidentiel se posera, ce lundi, en début d’après-midi et redécollera mercredi en milieu de journée. La visite est éclair et elle s’annonce chargée. Le président français, Emmanuel Macron, s’apprête à passer deux jours dans le canton de Vaud pour une mission bien précise: soutenir et défendre la candidature de Paris aux Jeux olympiques d’été 2024, contre Los Angeles.

Si la ville hôte ne sera désignée que le 13 septembre à Lima (Pérou), les jours à venir sont cruciaux en ce qu’ils constituent l’avant-dernière étape du processus de sélection. Avec une nouveauté de taille: il y a de fortes chances que mardi, pour la première fois dans l’histoire, le Comité international olympique (CIO) décide de changer les règles en procédant à une double attribution. Soit d’attribuer les Jeux d’été de 2024 et de 2028 aux deux villes en compétition, la seule question de cette révolution soutenue par Thomas Bach, président du CIO, étant encore de savoir dans quel ordre.

Pour les deux délégations encore en lice qui rêvent d’accueillir les joutes estivales dans sept ans, c’est également l’une des rares occasions de voir tous les membres du Comité international olympique (CIO) réunis au même endroit. De quoi permettre un lobbying fructueux.

Une délégation française de poids
Pour peser de tout son poids dans la balance, Paris sort l’artillerie lourde. En plus du président fraîchement élu, la délégation tricolore sera composée notamment de la maire de Paris, Anne Hidalgo, de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, et de la ministre des Sports, Laura Flessel. «La délégation est conséquente, car l’enjeu est de taille. La présence d’Emmanuel Macron, qui constitue une grande première pour un président de la République à ce stade du processus de sélection, est un signal extrêmement fort qui en dit long sur son soutien», se réjouit Raphaël Leclerc, responsable médias de la candidature parisienne.

En marge de ces considérations purement sportives, la question sécuritaire est également très présente dans le séjour lausannois du président «jupitérien». Car si le canton de Vaud, qui a vu notamment Nicolas Sarkozy à Montreux en 2010, François Hollande à Ouchy en 2015 ou encore le président chinois Xi Jinping à Lutry en janvier dernier, est rompu à l’exercice, la venue d’un chef d’Etat étranger n’est jamais banale – a fortiori dans un contexte marqué par le terrorisme – et impose de nombreuses opérations en amont. «Des équipes de l’Elysée sont récemment venues à Lausanne en repérage. Les hôtels, les lieux où se réunira le CIO et les trajets à effectuer ont été analysés», confie Raphaël Leclerc.

Selon nos informations, le président français devrait passer deux nuits au Beau-Rivage Palace. Où, «pour la discrétion et la sérénité de nos clients», on ne confirme évidemment pas. Même laconisme concernant le dispositif sécuritaire à l’Office fédéral de la police, à Berne, où l’on se contente d’expliquer que, dans ce genre de cas, «une analyse de risques est faite de concert» avec les polices cantonales concernées.

Sans entrer dans le détail du résultat de cette analyse, Cathy Maret, porte-parole de FedPol, ajoute tout de même que c’est la police fédérale qui délivre les autorisations de port d’armes aux délégations étrangères, pour les gardes rapprochées de personnalités d’importance. Tout aussi avare de détails, Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police cantonale, indique de son côté que «le dispositif est adapté aux circonstances». La question est sensible, on n’en saura pas plus.

La Suisse a le dernier mot
Chef du protocole du Département fédéral des affaires étrangères, Ludovic Droz est pour sa part plus loquace et accepte de lever un bout du voile sur la façon dont s’organisent de telles visites. «Les reconnaissances en amont permettent d’établir un rapport où seront analysés les sites et les déplacements. Ces derniers font l’objet d’une attention particulière. Paris, Londres ou Washington ont régulièrement recours au bouclement complet de routes ou de boulevards, ce qui se fait moins chez nous. Les différences d’écoles de pensée peuvent donner lieu à des négociations. La Suisse a le dernier mot, car en définitive le pays hôte est responsable de la sécurité des diplomates et des chefs d’Etat étrangers sur son sol.»

Dans son explication, Ludovic Droz n’oublie pas le dispositif sécuritaire. «Il se constitue de cercles concentriques. A l’extérieur, on trouve en principe les polices cantonale et municipale, qui connaissent le mieux la population sur place et gèrent les accès aux lieux publics. Ils sont au contact de la population. Le deuxième cercle, plus près du chef de l’Etat, se compose de spécialistes de la protection rapprochée ou de groupements d’intervention – généralement requis par le Canton et engagés de manière subsidiaire par le concordat des polices romandes ou la Confédération. Le concordat romand, la police fédérale et la sécurité militaire disposent de détachements spécialisés. Ils possèdent des outils de déminage, des détecteurs d’explosifs ou des véhicules de transport blindés qu’on ne trouve pas dans tous les cantons. Quant au dernier cercle, au plus près du chef de l’Etat, y figurent ceux qui ont l’habitude de le côtoyer et qui le suivent aux quatre coins du monde. Ils sont évidemment armés.»